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Comment se dégourdir les oreilles après la soirée musicale qui s'annonce le 21 juin? Ou plutôt, comment prolonger le plaisir? Par un savant mélange des genres, peut-être, et c'est ce que propose le duo "Dryades", en concert à l'église Saint-François du Guelmeur à Brest le dimanche 22 juin. Du classique à la musique bretonne en passant par le tango, deux musiciennes virtuoses revisitent les classiques avec deux instruments aux sonorités envoûtantes. Une belle balade à travers le monde. Rencontre avec Kristina Kuusisto, bandonéoniste  de "Dryades"

Comment est né le duo Dryades?

Je connais Mari Mäntylä depuis l’université. À l’époque, j’étudiais l’accordéon et elle jouait de la guitare classique à l’Académie Sibelius d’Helsinki. Nous étions amies, sans pour autant avoir l’idée de jouer ensemble : les timbres, les résonances de nos instruments respectifs ne s’accordaient pas. En revanche, lorsque je me suis spécialisée en bandonéon et qu’elle est venue au décacorde, nous nous sommes rendu compte que les sonorités de nos instruments, plus profondes, plus sensuelles, se prêtaient au duo. "Dryades" est donc né d'une envie de jouer ensemble, parce que nos sensibilités sont les mêmes.

Votre répertoire est extrêmement varié, du tango de Piazzolla aux promenades de Sid Hille en passant par de la musique bretonne. Le duo bandonéon/décacorde est-il plus universel que ce que l'on pourrait penser a priori?

Le bandonéon et le décacorde peuvent servir de support à la musique de tous les horizons, et nos concerts présentent une palette d’expériences extrêmement variées, de Bach à Piazzola en passant par Didier Squiban. Je pense d’ailleurs que nous n’en sommes qu’au début de notre exploration des possibilités offertes par ces deux instruments. Peut-être que le duo "Dryades" amènera les compositeurs à exploiter le champ de ces possibilités, je les invite même à le faire!

Y a-t-il une évolution de votre musique depuis la constitution de Dryades?

Nous avons commencé en jouant les partitions que nous avions trouvées dans nos placards. Notre premier disque est un recueil de ces musiques choisies uniquement par nos propres goûts, sans aucune autre considération! Il n’y a aucune réflexion, aucun calcul, c’est un disque qui vient du cœur. Le deuxième disque, "Speira" est consacré à la musique contemporaine. Toutes les pièces ont été composées spécialement pour "Dryades", notamment par Sid Hille et Vincent Bouchot. C’est une sorte de réponse des compositeurs à l’impulsion du premier disque. Le troisième album, "la meneuse de tortues d'or", est consacré à la musique française. 

 

Et le quatrième… sera encore différent! Nous sommes perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences pour nos instruments. Et je ne doute pas que nous puissions élargir le répertoire existant. Ceci étant dit, nous ne sommes guidées que par un fil conducteur, l’amour de la musique que nous jouons. Il faut que les partitions nous touchent, qu’elles nous plaisent, et peu importe le genre.

Vous êtes une habituée des églises et salles bretonnes, vous jouez d'un instrument aux couleurs argentines, tout en venant, comme Mari, de Finlande. En quoi cela vous influence-t-il?

Mari et moi sommes nées en Finlande, et je vis en France depuis dix-huit ans. Nous avons toutes les deux beaucoup voyagé, et bien sûr, toute cette expérience a influencé notre façon d’appréhender la musique, de la jouer, de la vivre. Dans notre jeu et dans nos interprétations, on retrouve donc bien sûr notre expérience musicale, mais aussi nos expériences personnelles. Il n’y a donc pas à proprement parler d’appartenance, mais plutôt une universalité.

Votre deuxième album a été nominé pour l'équivalent des "victoires de la musique" en Finlande…

C’est avant tout une énorme reconnaissance pour ces deux instruments peu connus, qui souffrent parfois de la fausse réputation d’être « populaires » au sens péjoratif du terme. Nous avons été nominées dans la catégorie « musique classique », et donc en compétition avec les instruments dits « nobles », comme le piano ou les orchestres à cordes. Nous étions bien loin du folklore d’Europe Centrale ou du tango, sans pour autant renier les origines du bandonéon! C’est aussi une grande reconnaissance pour notre travail, et bien sûr, nous étions très heureuses de cette nomination.

Comment faites-vous le choix des œuvres que vous interprétez en concert?

On aime beaucoup mélanger les genres! Plus le répertoire est varié, plus il est intéressant à écouter. Nous voulons vraiment mettre en avant les multiples possibilités de nos instruments. Il y en a donc pour tous les goûts, et nos concerts réservent donc des surprises pour beaucoup! Le programme définitif est rarement arrêté longtemps à l’avance, ce qui laisse planer un peu plus de mystère. À Brest, le 22 juin, nous interprèterons entre autres des œuvres d’Erik Satie, de Bach, de Debussy, de Jacques Ibert et de Piazzola. Nous couvrons 350 ans de musique!

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Duo "Dryades", le dimanche 22 juin à 18h, en l'église Saint-François du Guelmeur, Brest.

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Elevé dans une ambiance sonore éclectique, musicien dans l'âme plus que dans les doigts, Matthieu apprécie les expériences nouvelles autant qu'une symphonie de Chostakovitch ou une gavotte. Son approche est souvent un peu décalée, parfois technique, et s'ancre librement dans le ressenti.