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Trois ans après I’m dead, thanks for asking, le plus américain des duos bretons récidive avec Spinning Mind. Pas de doute, c’est bien le Mississippi qui coule le long des quais du Port Rhu!

On retrouve avec beaucoup de plaisir le son d’un blues épuré, brut et rocailleux, la voix chaude et froide de Violaine Fouquet et la guitare efficace de Brendan de Roeck. On retrouve le piano rugueux et parfois glaçant, l’apparente simplicité de compositions qui sonnent comme des évidences. Un blues venu tout droit du sud des États-Unis, imprégné de la poussière des champs de coton, qui se promène tranquillement dans un quelque part entre le jazz, le rock et le negro spiritual.

Le duo varie les plaisirs, les sonorités, les genres, les intentions. On passe de la mélancolie de Fifteen years au roll de West Country Blues, du scat d’Anita au gospel dynamique de Don’t treat me bad, en passant par le folk bien pesé de l'un des coups de cœur de l'album, Charlie Boy.

L’album entier reflète une belle maturité dans la maîtrise de composition et d’interprétation, mais ne perd jamais son authenticité. Des textes et des musiques qui viennent du cœur, quel que soit le registre. De la nostalgie, de la joie, un brin de spleen, et toujours ce souci de « bien dire les choses ». Pas d’esbroufe donc, mais pas de raccourcis non plus. Brendan pose des licks toujours aussi subtils et soigne la couleur et la rondeur du son de ses guitares (ou de ses banjos, d’ailleurs). On aime également son jeu de piano, digne d'un cabaret macabre. Quant à Violaine, sa voix colle à chacun des textes: tour à tour rageuse, sensuelle, insolente, mélancolique ou espiègle, son énergie est communicative et la variété de ses timbres lui confère une grande puissance d'évocation. Certains la comparent à la voix de Billie Holiday. C'est un peu vrai, mais ce n'est pas suffisant! Personnellement, je trouve qu'elle se rapproche plus de celle de Dani Klein (Vaya con Dios). Ou de Colette Magny, me souffle-t-on dans l'oreillette. C'est vrai aussi, surtout dans sa reprise de House of Rising Sun.  Peu importe, ce petit jeu est un peu bête, Violaine possède une voix unique que l'on n'oublie pas, et c'est peu de le dire. Et quand Brendan s'y met, on frôle la magie:

 Bobby and Sue, Spinning Mind, l'Autre Distribution.
Sortie nationale le 5 février 2016.
Crédit photo: R. Monfourny


Pour aller plus loin:
www.bobbyandsue.com

 

About the Author

Elevé dans une ambiance sonore éclectique, musicien dans l’âme plus que dans les doigts, Matthieu apprécie les expériences nouvelles autant qu’une symphonie de Chostakovitch ou une gavotte. Son approche est souvent un peu décalée, parfois technique, et s’ancre librement dans le ressenti.

 

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