Les couples heureux sont des associations de malfaiteurs.

Essentiellement clandestins, parce qu’échappant au ressentiment formant le nœud des rapports en société, ce sont des stratèges ayant su préserver leur alliance fondamentale contre les petites et grandes perquisitions de la jalousie et de l’orgueil mal placé.

La sexualité, quand elle est à la fois inventive, audacieuse et délicate, est une métaphysique faisant de la peau, du langage et de l’écoute partagés le terrain de jeux relevant de l’innocence fondamentale.

Catherine Millot, romancière, psychanalyste, aborde dans un bel entretien ce nouvel art d’aimer auquel aspirait son maître, Jacques Lacan.

Parmi les plus grandes intelligences du siècle, Philippe Sollers et son épouse Julia Kristeva, elle aussi psychanalyste et romancière, considèrent que le mariage est un art majeur. Si nombre d’amours font très vite naufrage, savoir tenir ensemble dans et avec le temps nécessite une pensée concernant ce qu’il en est profondément des substances masculine et féminine.

Malicieux, le cinéaste Alain Guiraudie nous étonne dans un livre aux accents à la fois burlesques et pornographiques, Ici commence la nuit, quand Claude Louis-Combet interroge Rembrandt et les protectrices majeures qui l’entourèrent, avec Bethsabée, au clair comme à l’obscur.

La littérature se lit aussi d’une seule main. Ouvrez Pour la peau, d’Emmanuelle Richard, la correspondance de Mademoiselle S. à son amant Charles, La Villa du jouir de Bertrand Leclair, ainsi que Voyage autour de mon sexe, de Thibault de Montaigu, et faites-en l’expérience.

Les photographies accompagnant ces articles/entretien sont de Bernard Descamps, ainsi que de la baudelairienne Emmanuelle Bousquet (Sous une pierre amante, Filigranes, 2015 - Courtesy Acte2 galerie, Paris et Art 22 Gallery, Bruxelles), photographiant au polaroid scratché des femmes mouvantes/émouvantes comme un rêve de statues.

Les images des dessins/gravures sont de Roland Sénéca.

Bon voyage.

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