Festival de JASS

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Des rencontres aux retrouvailles
John + Alban + Samuel + Sébastien = JASS. On a pu voir le saxophoniste Alban Darche, et le contrebassiste Sébastien Boisseau jouer ensemble lors des premières rencontres ARCH de cette année. Samuel Blaser a trombonisé lors de la deuxième session et Dave Hollenbeck assurera la batterie pour la rencontre de jeudi. On les a vus souffrir un peu au cours de ces rencontres entre musiciens qui n’ont jamais joué ensemble. Ce soir, il ne s’agit pas de rencontre mais bien de retrouvailles. Dès les premières notes de « Driving licence », le son sent bon la complicité.

Section rythmique

Sébastien Boisseau joue avec tout son corps, il passe de chaque côté du manche de sa contrebasse sombre et lustrée par l’usage une tête recouverte d’une casquette-béret qui lui donne l’air d’un gangster américain à l’époque de la prohibition. John Hollenbeck a le même couvre-chef, et cela leur donne un côté bad-ass, dur-à-cuire, en phase avec leur façon de jouer : puissante, pulsatile. Le thème onctueux du morceau suivant est acidulé par les notes étouffées que le batteur tapote sur un mini xylophone caché sur ses genoux, comme s’il taquinait Sébastien Boisseau pendant son solo énergique.

Folie drôle
Le quartet explore toutes les possibilités sonores. Au trombone, Samuel Blaser joue avec le bol de sa sourdine, et produit des effets de wah-wah, de soupirs, de crachotements. Le saxophone est contaminé, il s’échappe à son tour dans un vol erratique, presque aléatoire. La batterie elle-même se dérègle, et seule la basse, jouée à l’archet, assure le fil d’Ariane d’un morceau qui se désarticule. Jusqu’à ce que John Hollenbeck se mette à jouer avec nos nerfs. Il alterne une rythmique funky ultra hypnotique et des silences soudains et cruels pour les addicts que nous sommes en train de devenir. Ils sont contents de ce qu’ils jouent. Ils ont raison, ils ont de quoi l’être.

Section mélodique
Même s’il est un peu artificiel, à ce niveau d’intrication, de distinguer la section mélodique et le duo basse-batterie, le morceau « Recurring dream » réserve un espace particulier au dialogue entre le trombone et le saxophone. Samuel Blaser y apparaît serein, libéré, alors que le solo d’Alban Darche ressemble à une course anxieuse et intense à la fois, qui nous tient en haleine jusqu’au rappel du thème qui apporte une paix enfin retrouvée.

Mises en place ahurissantes
Même si le morceau « Mix of sun and clouds » est un peu plus démonstratif, on se laisse encore prendre à la joie communicative de John Hollenbeck qui, pour faire changer la note de son tom basse appuie sur la membrane avec le talon de sa chaussure. L’ambiance monte encore d’un cran, plus de casquette sur la calvitie de Sébastien Boisseau, les mises en place deviennent complètement hystérisantes, avec des ruptures, des inversions de temps forts, des astuces pointues mais jamais cérébrales. On a envie de bouger, mais aussi de rire, de frapper dans ses mains, pas seulement pour applaudir, mais pour dire, « Oh bon sang, ils ont placé ça ! »

Alors d’accord
Les changements d’ambiance sont soulignés par des jeux de lumière discrets mais bienvenus, et lorsque le noir final se fait, on est surpris que ce soit déjà fini. Le rappel est appuyé, mais Ibrahim Maalouf joue à 20h30 et les festivals sont planifiés à la seconde. Devant l’insistance du public, Alban Darche vient chuchoter au micro, « Bon, alors d’accord » et JASS nous offre un dernier morceau court, ludique, juste pour se faire plaisir une dernière fois, juste pour nous faire plaisir encore une fois.

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