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Écrire n’est pas un plaisir seulement solitaire et depuis quelques mois, Armelle Brusq anime à Brest des ateliers d’écriture, dont certains se tiennent à la librairie Dialogues. Entretien.

Armelle Brusq, qui êtes-vous ?

Je vis à Brest depuis un an, je suis auteure-réalisatrice de films documentaires, spécialisée dans les portraits d’artistes (Yves Saint Laurent, Leonard Cohen, Dan Ar Braz, Claude Levêque, Douglas Kennedy, etc…). J’ai découvert les ateliers d’écriture comme participante il y a une quinzaine d’années. J’ai trouvé cela magique, j’ai découvert comment l’alchimie d’un groupe enlève l’angoisse de la page blanche et permet au texte d’advenir. J’ai donc décidé de suivre une formation pour animer des ateliers de manière professionnelle. Je souhaite transmettre le plaisir de la découverte de soi, de l’autre, montrer comment traverser sans efforts cette épreuve, celle de l’écrit, la vivre comme un plaisir.

Quels types d’ateliers avez-vous animés ?

Avant de venir à Brest, j’ai eu plusieurs expériences dans tous les milieux, dans le cadre de missions locales du 93, auprès de jeunes en stage, en réinsertion, qui avaient une expérience de l’écriture presque nulle. En réalité, on s’aperçoit que les techniques pour écrire, quels que soient les publics, sont partout les mêmes.

J’ai également travaillé dans des cabinets de développement personnel, dans des entreprises. Dans un groupe composé de patrons et de secrétaires, on a souvent des surprises.

J’ai aussi animé un atelier de nouvelles en master de communcation au Celsa-Sorbonne.

Comment votre activité d’auteure-réalisatrice influence-t-elle votre manière de mener ces ateliers ?

J’ai beaucoup écrit comme auteure de documentaires de portraits d’artistes, mené de nombreuses investigations. J’ai toujours aimé les écritures appuyées sur le réel. J’aime le principe d’une écriture où l’on part de soi, de l’autre, du réel, pour en faire une écriture fictionnée.

Comment décririez-vous l’alchimie du groupe, que vous évoquiez ?

Cette expression un peu mystérieuse me permet de décrire quelque chose qui l’est pour moi aussi, une force souterraine et créatrice qui agit pour chacun.

Comment se déroulent vos ateliers ?

Je propose différents exercices, fondés sur ce que j’appelle une contrainte : choisir une phrase dans un roman et commencer le texte par cette phrase, par exemple, placer tel mot puis tel autre dans le texte. C’est la contrainte qui crée la liberté et la canalise. En elle-même, elle n’a aucune importance, on n’est pas à l’école pour « pondre » le bon sujet. C’est le texte produit qui a de la valeur, peu importe l’origine de son déclenchement. Du reste, une fois le texte fini et lu à haute voix, on ne voit aucune trace de la contrainte, elle disparaît.

Le principe est d’écrire très vite. Je fais interagir les participants, je joue sur la surprise : je peux leur demander de composer une liste d’idées puis de devoir choisir finalement une de celles de la liste du voisin. C’est un exercice de l’instant présent, qui met en évidence le rôle du groupe en tant qu’énergie collective.

Je m’appuie aussi sur le hasard : j’utilise des images, des livres, je fournis beaucoup d’éléments, sans prédétermination. Je peux donner le choix entre cent images pour qu’il y ait une part de hasard. Et ce qui est merveilleux, c’est que cela fait sens.

Il y a un aspect ludique ?

Sans doute, mais pas au sens d’un jeu littéraire comme pouvaient le pratiquer les membres de l’OuLiPo : j’aime le sens, la construction.

Entretien avec Edwige, participante régulière des ateliers d’Armelle Brusq

Qu’est-ce qui vous rend si fidèle à ces ateliers ?

J’ai toujours eu envie d’écrire et je manque de techniques. On a plein de choses dans la tête qu’il est compliqué de poser, et Armelle Brusq donne des façons d’écrire. De plus, elle est très bienveillante, ce qui est important, car l’écriture est intime. Pour que cela fonctionne, il faut que l’ambiance soit très bonne.

Qu’écrivez-vous ?

Des textes de fiction : on part souvent d’une accroche, d’une phrase, et ce qui est intéressant, c’est qu’à partir d’une même donnée, chaque membre du groupe part dans une direction différente.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ces ateliers ?

Tous les travaux proposés me plaisent. Je m’étonne moi-même ! C’est très créatif, et on peut écrire beaucoup à partir d’un seul mot. Cette créativité est permise par la technique, révélée par la technique. Cela donne confiance en soi.

Et à l’avenir ?

J’aimerais être lue plus largement, mes tabous sont décoincés, le processus est parti.

About the Author

Notre agrégée de lettres passe en revue tous les articles, les relit, les corrige. Elle écrit pour différentes revues des articles de recherche en littérature et sciences humaines et s’appuie également sur ses multiples casquettes pour développer les partenariats du Poulailler, en russe, en français, en italien… Natalia pratique le théâtre amateur et bavarde à longueur de journée (en russe, en français, en italien…).

 

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