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Exposition à l’artothèque et au musée des Beaux-Arts de Brest

David Ryan est né en 1960, il vit et travaille à Plougastel-Daoulas. Il étudie à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux dont il est diplômé en 1983. C’est à cette époque qu’il rencontre Jérôme Joy, qui fréquente alors le conservatoire de Bordeaux et qu’ils commencent à travailler ensemble lors de performances. Nothing at all, hypothèses de coexistence est un coproduction du musée des Beaux-Arts de Brest et du Palais de Tokyo où elle fut montrée du 23 juin au 11 septembre 2016.

Depuis le dix-sept novembre, David Ryan et Jérôme Joy nous invitent à redécouvrir le musée des Beaux-Arts au travers de leur installation Nothing at All, hypothèses de coexistence. Les artistes sont venus coloniser les espaces de l’artothèque et de la grande galerie du premier étage pour y éparpiller une myriade d’indices rapportés des nombreux récits qui y sont racontés.

Nothing at all est ainsi une exposition qui propose aux visiteurs d’expérimenter l’espace en se confrontant aux rythmes propres de chacun des éléments constituant celle-ci. Les éléments tirés de la vie du chasseur de trèfles, personnage incarné par David Ryan, viennent aussi bien côtoyer les tableaux de la collection du musée que les récits de Michael, autre personnage élaboré par Jérôme Joy comme les tableaux issus de la collection du musée. Chaque spectateur est alors maître de sa propre visite : rien n’est imposé, libre à chacun de s’adapter aux rythmes uniques de chaque pièce et de glisser de l’une à l’autre. 

Ainsi, aucun ordre n’est donné mais ce n’est pas un désordre pour autant : une infinité de parcours, de temporalités sont offertes pour qu’une coexistence puisse se passer ; hypothèses de coexistence , sous-titre de l’exposition nous indique sans détours la multiplicité de l’œuvre comme ouvroir à une infinité de chemins et à la fugacité de ces derniers. Et puis surtout : comment exister ensemble ? Les modes de vies racontés par le chasseur de trèfle ne sont-ils pas des invitations au décalage et au ralentissement ? À la rencontre ?

Les récits proposés par Jérôme Joy et David Ryan sont autant de marqueurs discrets d’une réalité politique et sociale qui marqua l’Irlande dans les années 1980 et s’expriment au travers des portraits de nombreuses femmes qui luttèrent à cette époque. Les artistes nous proposent de questionner ces femmes, leurs actions : comment résister ? Comment exister ? Comment coexister ? Sans violence mais avec précision, ces figures s’accompagnent des icônes de tradition picturale pour conduire nos pas au rythme des œuvres : les femmes aussi mènent la danse.

Laissez-vous ainsi guider au travers de cette installation et accrochez successivement les fréquences désordonnés de chacun de ces éléments ; passez de l’un à l’autre puis revenez à un précédent. Le temps n’est plus une mesure fixe et perdez vous à raccrocher toutes ces bribes, à (vous) raconter des histoires.

Au final  Nothing at all se découvre comme une expérience personnelle unique par laquelle nous expérimentons l’espace du musée, ses œuvres et un ensemble de récits d’une manière singulière sans que nous ne nous heurtions aux autres visiteurs : chaque exploration comme hypothèse (unique) de coexistence. C’est enfin, évacuer le superflu et reconstruire des mondes à partir de fragments d’histoires vraies ou fausses, peu importe.

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