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La Carène consacre une soirée au label La Souterraine, défricheur de la nouvelle scène pop française underground, en accueillant une soirée de son festival STRN Fest avec trois propositions bien différentes à l'affiche : Arlt, Sourdure et Centredumonde. Samedi 13 février à 21 h au club, focus sur une armée de l'ombre.

Les coups de projecteurs sur les labels, proposés depuis quelques saisons par la Carène, sont des moments clés de découvertes fructueuses de la scène musicale indépendante, underground, alternative... Tous genres musicaux confondus. Après les précédents focus sur les labels Born Bad, T-Rec, Talitres etc. la salle des musiques actuelles de Brest consacre une soirée au label de french pop très "en vue", La Souterraine. Le bon hasard du calendrier fait que cela permet d'accueillir une date de son festival, le STRN Fest, qui se déploie ces jours-ci de Toulouse à Lille, de Nantes à Londres et de Paris à Montréal. Une véritable ruche "souterraine" à ciel ouvert dont certains artistes sortent peu à peu de la confidentialité comme Aquaserge, Requin Chagrin, La Féline, Eddy Cramps, sans tomber dans le système.
Animée par deux passionnés, Benjamin Cashera et Laurent Bajon, La Souterraine n'est pas un label habituel qui éditerait des artistes collant à une esthétique définie ni à un cahier des charges trop précis. Le leitmotiv en serait plutôt l'ouverture à tous les possibles. Comme dans une sorte de galaxie ou l'univers artistique commun est la pop française et francophone, sans barrière ni forme imposée, dotée d'une riche appétence pour l'expérimentation et des créations sonores multiples.

L'autre particularité de ce label est aussi de sortir régulièrement, depuis plus de deux ans, des compilations qui permettent de découvrir quelques perles sur un titre. "On cherche en permanence à construire des situations amusantes pour alimenter notre flux d’info en continu et égayer le quotidien, un peu, de loin, via des compilations avec des groupes qu’on ne voit pas partout ailleurs et des fêtes souterraines un peu partout", expliquait Benjamin Cashera à un grand titre de la presse spécialisée qui a percuté sur la dynamique du label lorsque la Gaîté Lyrique, à Paris, lui a offert une carte blanche en novembre dernier.

Renouveau de la dynamique underground des 90's

"Ils font circuler la musique librement dans l'esprit des fanzines du début des années 90's qui éditaient des vinyles et des K7 de manière un peu artisanale et qui ont fait émerger des talents comme Dominique A ou Katerine. La Souterraine incarne le renouveau de cette dynamique et de cette envie", souligne Yannick Martin, programmateur de la Carène, qui observe depuis quelques temps cette nouvelle écurie musicale. D'autres Brestois y sont aussi très attentifs puisqu'ils prennent également en main leurs envies créatives et richesses musicales. Le label L'église de la Petite Folie, créé par Maëlle et Arnaud le Gouëfflec (organisateur du festival Invisible et de soirées Transparentes), a naturellement connecté avec La Souterraine, se découvrant une réelle parenté dans la démarche. Au point qu'une Mostla "Église de la Petite Folie" vient d'être éditée par la Souterraine, sur laquelle on retrouve les artistes de la famille brestoise : Centredumonde / Arnaud Le Gouëfflec / John Trap / Garden with Lips / Ched Helias / OoTi Skulf / Valier Chanteur / Jorge Bernstein & the pioupioufuckers / Yoann Carquet.

Comme pour symboliser cette belle conjonction d'énergies, le duo Centredumonde est à l'affiche du festival STRN Fest, demain soir à la Carène. Le compositeur et interprète brestois Joseph Bertrand, qui connut son heure de "presque gloire" dans les 90's, et exilé à Paris depuis, accomplit un joli retour dans ce tourbillon underground. Il n’avait jamais cessé d’écrire ni d’enregistrer ses petites chansons à la fois poétiques, drôles et cyniques, faites de bric et de broc. Le label brestois qui avait retrouvé sa trace a édité en mars 2015 une compilation de vingt morceaux écrits et composés entre 1997 et 2012, intitulée Bang ! Un nouvel album, Rêvons plus sombre, révèlera les récentes compositions faites avec moins d'illusions mais sans pression! À découvrir en live pour commencer.

Dans un style très différent le duo de pop arty Arlt, formé par Eloïse Decazes et Sing Sing, trace son chemin singulier depuis quatre albums avec une acoustique minimale et une écriture dadaïste. Leur dernier opus, Deableries, est très remarqué. Dans leur univers dépouillé, les envolées de guitare accompagnent les deux voix joliment contrastées (alto et baryton) et créent une ambiance étrange, à la fois baroque et minimaliste, évoquant Brigitte Fontaine&Areski ou les troubadours du Moyen-Âge. http://www.arltmusic.com

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Mais la surprise de la soirée viendra sans doute de la proposition étonnante et inclassable de Sourdure. Ernest Bergez, touche-à-tout qui flirte avec le post-rock jazzy comme avec l'électro, rend ici hommage aux traditions musicales et orales d’Auvergne en les électrocutant : chant rugueux, violon abrasif, ornements cinglés, rythmiques délirantes tapées du pied... Le répertoire de Sourdure est à la croisée des musiques primordiales et de l’ultramodernité, de la chanson brute et des transes technoïdes. Il s’empare des airs populaires, bourrées, chansons de veillées et marches de noces de son Auvergne natale et en livre des chants prompts à la transe!

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Crédit photo pour Sourdure : Charlotte Tournilhac

About the Author

Journaliste freelance, Marguerite écrit dans le Poulailler par envie de prolonger les émotions d’un spectacle, d’un concert, d’une expo ou de ses rencontres avec les artistes. Elle aime observer les aventures de la création et recueillir les confidences de ceux qui les portent avec engagement. Le spectacle vivant est un des derniers endroits où l’on partage une expérience collective.

 

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