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Concert à la Carène le 19 novembre 2014

Lever de rideau sur un décor féérique en ombres et lumières des toits d’une ville qu’on imagine être Paris. Emilie Simon entre en scène, glamour à souhait. Elle scintille dans une robe fourreau à sequins dorés et fendue sur le côté, le pas très alerte malgré ses talons hauts. Cette allure de starlette surprend et rompt quelque peu avec ses airs d’ingénue, révélée lors de son premier album éponyme en 2003. Son nouveau costume tranche avec ses jeux de douce fée et de passionaria des claviers des dix dernières années. Mais le charme de ses paillettes nouvelles agit. On se laisse volontiers aller, au diapason de l’égérie affirmée, les cheveux libérés, le cœur léger.

Effervescence romanesque

Ses fidèles musiciens (claviers, batterie, et Nicolas Bogue à la guitare) revêtent eux aussi ce costume music-hall avec une allégresse communicative. L’orchestre ouvre le bal et «sort les violons» sur Perdue dans tes bras. La chanson nous projette dans le Paris romantique du début du XXe siècle. L’humeur est à l’amour, à l’insouciance, aux pleurs et à la fête.

«Les brûlures, les impostures, les déchirures je ne veux plus de ça, je me suis perdue dans tes bras.» 

Des larmes puis Paris j’ai pris perpète confirment cette ambiance sentimentale où les amants pleurent des larmes comme des perles et se font tourner la tête. «Paris, quelle comédienne, quelle mise en scène de choix…»

La Ville des Lumières a profondément inspiré l’album Mue, support de la nouvelle tournée. Emilie Simon y vit à nouveau après quelques années d’exil créatif à New-York. Celle qui a brillamment apporté son peps à l’électro-pop française durant les années 2000, révèle encore l’étendue de sa gamme de compositeure éclairée (diplômée en recherche et création de musique contemporaine ) et de sa personnalité touche-à-tout avec un album très arrangé qui pétille. Elle prend aussi le soin d’incorporer dans ce concert quelques pièces savoureuses d’anciens albums «cultes», Végétal, et le fondateur, Emilie Simon.

Montagnes mélodiques

Avec une belle assurance et beaucoup de fraîcheur, elle nous balade dans les montagnes mélodiques de sa voix d’elfe et de velours, en anglais comme en français. Avec grâce et enthousiasme, elle nous fait explorer les univers cinématographiques de son répertoire. Chacun semble correspondre au renouvellement des cycles de sa vie. Entendre Désert  dix ans plus tard, est un véritable délice. «Oh mon amour, je voudrais te dessiner dans le désert de mon cœur». Ce titre pionnier est réorchestré, il introduit sur scène le fameux « Braah » électro, un contrôleur de musiques qui permet de créer de multiples effets sur sa voix, de sampler les rythmes, etc. Accessoire primordial, sa marque de fabrique, du sur-mesure, comme le synthétiseur aux claviers modifiés. Il ajoute encore de la puissance à sa présence et renvoie l’image d’une femme fatale sortie d’une planche de BD d’Enki Bilal. Elle le porte à son bras gauche comme un long gant noir qui s’accorde avec sa robe de diva.

Décidément très esthétique, ce show mené comme un maestro! La salle est nourrie de sons multiples et de lumières caméléon. Bleutées lorsqu’ Emilie Simon nous pose dans la poésie sous la lune (The eye of the Moon, To The dancers in the rain), rouges et blanches selon les Fleurs de saison. Quelques poursuites nous entraînent aussi dans le volet sixties music-hall de Franky Knight (bande originale du film La Délicatesse). L’artiste rebondit rock avec une reprise d’ I wanna be your dog d’Iggy Pop (The Stooges), danse funky avec Menteur et se love sur Wicked games qu’elle emprunte à Chris Isaac.

Après vingt morceaux interprétés tout feu tout flamme (dont quatre en rappel), Emilie Simon conclut cette odyssée sous le ciel de Paris la nuit. J’ai la tête dans les étoiles, le corps niché dans une enveloppe sonore entêtante.

About the Author

Journaliste freelance, Marguerite écrit dans le Poulailler par envie de prolonger les émotions d’un spectacle, d’un concert, d’une expo ou de ses rencontres avec les artistes. Elle aime observer les aventures de la création et recueillir les confidences de ceux qui les portent avec engagement. Le spectacle vivant est un des derniers endroits où l’on partage une expérience collective.

 

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